L’écriture est si bien ficelée, d’une cadence parfaite dans les évènements et très très agréable à lire. Il ne m’aura fallu que quelques heures pour le dévorer. Je le conseille à ceux qui voudraient s’évader pour quelques heures dans le Paris du 19ème siècle, au temps ou l’hôpital psychiatrique de la Salpêtrière accueillait un lot de femmes aliénées (comme on disait à l’époque) et au passé très intéressant.
Résumé
Le roman débute par la rencontre de plusieurs femmes: Geneviève, Louise et Eugénie. L’une est infirmière à la Salpêtrière dans le service du célèbre professeur Chariot, l’autre est orpheline et séjourne à l’hôpital pour une durée indéterminée et la dernière fait partie de la petite bourgeoisie de Paris et a un don quelque peu hors du commun: elle peut communiquer avec les défunts (?!). Toutes les trois sont dotées d’une personnalité particulière et prononcée.
Genevièvre est l’infirmière désignée par Charcot pour l’assister lors des cours magistraux qu’ils donnent aux auditoires ébahis d’éminents médecins de la capitale. Afin d’argumenter ces cours, le médecin illustre ces propos sur des cas pratique. Et c’est la jeune Louise qui en est souvent le sujet. Celle-ci est dite épileptique et c’est par l’hypnose que l’on prétend la soigner. Lors de ces séances, elle se contorsionne dans tous les sens telle une possédée, elle convulse puis sort de sa transe et est ramenée au dortoir avec les autres femmes internées, épuisée, elle dort, elle ne pense plus, elle est soulagée. Au dortoir, une autre femme veille sur elle: Thérèse, une ancienne de l’hôpital, ancienne prostituée et internée pour avoir jeté son amant dans la Seine. Loin d’être folle, mais plutôt dérangeante pour la société, Thérèse avoue ne pas vouloir sortir de là. Ne se sentant pas bien dans la société, elle préfère la sécurité du dortoir des folles.
Et elle n’est pas la seule à être là par hasard ou par « erreur ». Nombre de femmes décrites comme « hystérique », « mélancolique », « colérique » ou « folle » sont en réalité des femmes qui gênent la bonne société parisienne de l’époque. Des femmes ayant subi un viol ou posant un peu trop de questions, des adeptes du spiritisme ou simplement des femmes qui voulaient mener leur vie comme elles le souhaitaient. Rejetées par leur propre famille, maris et enfants, les folles ne sortent en général pas de l’hôpital.
Par contre, il est permis au beau monde parisien de l’époque rendre une fois par an à la Salpêtrière pour… Le bal des folles.
À cette occasion, les folles ont le droit de s’habiller, de se déguiser comme elles le souhaitent. Elles peuvent passer la soirée en compagnie de la petite bourgeoisie parisienne qui les regardent comme des bêtes sauvages et s’émeuvent au moindre geste brusque de ces dernières.
Mon avis
Je ne pourrais en dire plus sans spoiler :D. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. Tant par l’écriture en elle même que par l’histoire qui dénonce clairement la condition de la femme au 19ième siècle. L’écriture est fine et douce, sans accro. L’histoire est finement ficelée, parfois un peu triste, parfois réconfortante.
Ce livre m’a questionné et m’a passionné. Je me suis rendu compte que nous vivions à « une meilleure époque » et « dans une meilleure société » pour être une femme. Qu’en tout cas, cela a été et pouvais être bien pire. Peut-être qu’à l’époque, j’aurais été internée avec les folles, c’est ce que je me suis dit en fermant le roman.
Bref, je conseille vivement cette lecture, ne fusse que pour le côté « évasion dans une autre époque ».